Un nouvel anniversaire du rappel à Dieu du Vénérable Alvaro del Portillo

A l’occasion de l’anniversaire de la mort de don Alvaro, François nous rappelle des souvenirs.

Dans quelques jours, ce sera l’anniversaire de la mort de don Alvaro, le premier successeur de saint Josémaria à la tête de l’Opus Dei. Vous avez eu la chance de le connaître. Pouvez-vous nous parler de cette période où vous le fréquentiez ?

Je l'ai connu en mai 1960 à Paris, où il accompagnait saint Josémaria, avec l'abbé Xavier Echevarria. C'était dans un appartement du boulevard Saint-Germain, qui fut le premier centre de l'Opus Dei, à proprement parler, en France. Avec un autre membre de l'Opus Dei, nous avons fait la connaissance du fondateur, qui nous a accueillis avec beaucoup de chaleur. J'ai tout de suite été frappé par la manière dont don Alvaro se tenait dans un coin de ce salon, en face de Mgr Escriva: constamment attentif à lui, et n'intervenant lui-même que de temps en temps et brièvement, mais avec beaucoup de naturel. L'un de ceux qui vivaient là m'a demandé ensuite mon impression sur saint Josémaria. Je lui ai dit combien j'avais été touché par sa vivacité et sa cordialité. Il m'a dit: "C'est vrai". Après un court silence, il a ajouté: "Celui qui impressionne aussi, c'est don Alvaro." J'ai commencé alors à comprendre l'importance de l'abbé del Portillo dans l'Oeuvre, sa personnalité, sa sainteté, et sa fidélité indéfectible au fondateur.

Quels sont les traits de sa personnalité qui vous ont le plus marqué ?

Sa fidélité, je l'ai dit, mais aussi sa sérénité. Bien qu'il soit absurde intellectuellement de penser deux choses à la fois, je dirais qu'en le voyant, j'avais l'impression de ne pas distinguer sa bonté et son calme, tant ils se confondaient dans sa physionomie et dans son attitude. Et je pense ne pas être le seul dans ce cas. On pourrait ajouter, bien sûr, l'intelligence, et on aurait ainsi son portrait instantané, avec cette triple superposition. Ses photos le confirment, surtout celles des dernières années de sa vie. Je pense notamment à celles où on le voit sans lunettes. Tous ceux qui l'ont connu vous parleront aussi de son humilité, qui était profonde.

Avez-vous des souvenirs personnels qui peuvent nous aider à mieux le connaitre ?

Je suis arrivé à Rome, au Collège Romain de la Sainte Croix, le 1er octobre 1964. Le lendemain, 2 octobre, anniversaire de la fondation de l'Opus Dei, nous sommes allés saluer saint Josémaria dans un grand salon. Il était très entouré quand je suis entré, et j'ai d'abord salué don Alvaro, qui se tenait encore une fois à distance, observant tout. Il m'a aussitôt dit: "Va saluer le Père. Cela lui fera très plaisir". C'est comme cela que je le vois: comme quelqu'un qui redirigeait tout le monde vers le fondateur de l'Opus Dei. Je crois pouvoir affirmer qu'il ne s'est jamais "habitué" à vivre près d'une personne qu'il savait très sainte, mais aussi qui allait devenir un personnage véritablement historique, en raison du message essentiel qu'il portait et dont il se savait comptable, jusqu'à l'héroïsme. Encore plus qu'une fascination et une véritable affection pour l'homme, bien réels chez lui évidemment, c'était la conscience aigue qu'il avait de l'importance capitale, pour l'Eglise et pour l'humanité, de l'appel à la sanctification de toutes les occupations ordinaires lancé avec vigueur et sans relâche par le fondateur, avec toutes les conséquences que cela entraînerait pour la transformation du monde de l'intérieur. Autrement dit une forme d'évangélisation en profondeur de tous les milieux sociaux. Que Vatican II ait insisté particulièrement sur ce thème dans ses documents les plus notables ne fait qu'en confirmer la transcendance.

Comment a t- il réussi à poursuivre l’œuvre de saint Josémaria ?

Tout simplement en se souvenant des manières d'agir du fondateur, en le laissant gouverner l'Opus Dei à travers lui (Paul VI, dans une audience, lui avait recommandé de faire ce qu'il faisait déjà depuis son élection en septembre 1975: "comment le fondateur réagirait-il à ma place?") Cela lui était d'autant plus facile qu'il était totalement imprégné de son esprit, et qu'il l'avait vu à l'oeuvre. Il était le mieux préparé pour ce faire. De plus Mgr Escriva, sans le lui dire, le formait pour être son successeur, et il devait certainement s'en rendre compte, en toute humilité. Même dans ses initiatives (et il est vrai qu'il a fait des choses que saint Josémaria n'avait pas faites), il était fidèle à l'esprit de saint Josémaria Escriva. C'est en ce sens que les dix-neuf années qu'Alvaro del Portillo a passées à la tête de l'Opus Dei représentent vraiment, pour l'histoire, la première étape de la continuité dans la fidélité au fondateur. Il a magnifiquement relevé un vrai défi: être le successeur d'un fondateur, qui de plus était un saint.