L’orage : « le meilleur moment du week-end ! »

Vécu de l’autre côté des Pyrénées, l’orage le plus commenté de l’été serait tombé sur les jmjiste comme une sorte de calamité. La version des pèlerins présents à la veillée présidée par Benoît XVI est toute autre !

Louise a 23 ans. Elle prépare l’examen d’entrée à l’école d’avocat. Elle est dans la dernière ligne droite des révisions et a opté pour la formule de trois jours. Vendredi 19 août, elle a rejoint le groupe organisé par Avrainville, une résidence dont l’aumônerie est confiée à l’Opus Dei dans le 17e arrondissement de Paris. Pas trop déçue de la météo, Louise ? La question est visiblement déplacée. « L’orage ? Mais c’était le meilleur moment du week-end ! » Voici ce qui s’est réellement passé ce samedi 20 août 2011 sur l’aérodrome de Cuatro Vientos…

Gros nuage à l’horizon…

« Peu avant le début de la veillée, nous avons aperçu un gros nuage à l’horizon », racontent Nolwenn et Claire, toutes deux étudiantes. « Nous nous sommes demandées si cela allait arriver sur nous, puis le ciel s’est couvert tout d’un coup ». Mais le pape arrive… et oublié le nuage. La chorale chante l’hymne des JMJ. Alors qu’il gravit les marches de l’esplanade, le million et demi de jeunes tient à se présenter, dans les cris et les applaudissements : « Esta es la juventud del papa !  Nous sommes la jeunesse du pape ! ». Le pape se tient debout face à eux. Il a les mains jointes et les regarde en souriant, étonné, attendri. De cette foule, il ne voit probablement pas les limites, car elle s’étend à perte de vue et la nuit tombe. Un jeune espagnol tente d’imposer sa voix et adresse des mots de remerciements au pape : « Saint père, merci beaucoup de votre présence parmi nous qui nous remplit d’une joie profonde… » Puis, dix jeunes lui apportent la croix et l’icône des JMJ. Un vente chaud souffle alors sur l’aérodrome.

« Qui ne saute pas n’est pas français !»

A peine une heure après le début de la rencontre des jeunes avec Benoît XVI et contre toute attente, le ciel éclate. De grosses goûtes et des rafales de vent s’engouffrent sous les bâches sensées protéger les sacs à dos des pèlerins. Le pape tente de poursuivre son discours, mais doit bientôt l’interrompre. « On ne le voyait plus derrière les parapluies ! », note Louise. « Sa calotte s’est envolée et l’on voyait ses cheveux … » Un moment de flottement que les jeunes en tardent pas à remplir de leur joie débordante. « Lorsque le pape a interrompu son discours, il s’est passé une chose magique », raconte Louise. « Nous étions très excités par cet imprévu. Toute le monde était joyeux ! Nous avons pris nos tapis de sol que nous tenions au dessus de nos têtes ». « Ceux qui avaient apporté un Pancho le partageaient avec cinq ou six voisins… », ajoute Nolwenn. « Tout le monde s’est alors mis à chanter… et à sauter ! Dans notre carré, nous répétions en faisant des bons : « Qui ne saute pas n’est pas français ! » Surréaliste, tout simplement !

De l’euphorie au recueillement…

Le plus impressionnant, selon les cinq parisiennes qui, dans l’aéroport se remémorent ces moments inoubliables, c’est le contraste entre l’excitation de l’orage… et le recueillement au moment de l’adoration. « Nous avons vu arriver le Saint Sacrement et tout a cessé d’un coup », raconte Louise. Toutes ont la chair de poule rien qu’à l’évocation de cet instant. « Nous nous sommes mis à genoux et nous avons prié ». Lorsqu’à cinq heures de brouhaha digne d’une rave party succède le silence d’un million et demi de jeunes, il faut croire à la présence réelle dans le Saint Sacrement pour trouver une explication. Dans la salle de presse, certains journalistes s’inquiètent et sortent pour tenter de comprendre le nouvel incident. Mais une fois le salut au Saint Sacrement terminé, l’euphorie reprend.

Le pape nous a souhaité bonne nuit !

Deux heures après une cérémonie pleine d’imprévus, vient le temps de la séparation. « Avant de partir, le pape nous a souhaité bonne nuit », se souvient Claire avec émotion. « Reposez-vous. Merci pour le sacrifice que vous êtes entrain de faire, je ne doute pas que vous l’offrirez au seigneur. Je vous remercie pour l’exemple merveilleux que vous avez donné », tels furent les mots de Benoît XVI, avant de reprendre la route de la nonciature sous les acclamations. L’orage de Cuatro Vientos a soudé la jeunesse de 2011 à son pape. Ceux qui étaient présents ont ressenti à quel point le chef de l’église était aussi un père. Le lendemain lors de la messe de clôture, ses premiers mots expriment sa préoccupation pour les jeunes pèlerins. « J’ai beaucoup pensé à vous pendant ses heures durant lesquelles nous ne nous sommes pas vus. J’espère que vous avez pu dormir un peu… ». Mais que nul ne s’inquiète de cette nuit mémorable. Pendant que le pape priait pour eux, les jeunes dormaient à poings fermés…