Les fioretti du pape François en septembre

Nous poursuivons notre rendez-vous mensuel avec la publication d'extraits de propos tenus par le pape devant divers publics.

Un évêque dépourvu d'intérêts mondains

Message du 27 septembre 2014 à Mgr Xavier Echevarria, à l'occasion de la béatification de don Alvaro del Portillo :

« Tomber amoureux du Christ. Tel est le chemin de sainteté que doit suivre tout chrétien : se laisser aimer par le Seigneur, ouvrir le cœur à son amour et permettre qu'il devienne le guide de notre vie.

J'aime rappeler l'oraison jaculatoire que le serviteur de Dieu répétait souvent […] 'Pardon, merci, aide-moi davantage!'. Ces mots, qui nous rapprochent de la réalité de sa vie intérieure et de sa fréquentation du Seigneur, peuvent aider chacun d'entre nous à donner une nouvelle impulsion à notre vie chrétienne.

[…] Merci. C'est la réaction immédiate et spontanée de l'âme face à la bonté de Dieu. Il ne peut en être autrement : c'est toujours Lui qui prend les devants. Quelle que soit l'intensité de notre effort, son amour est toujours le premier, qui nous touche et nous émeut : c'est lui qui fait le premier pas. Alvaro del Portillo était conscient des nombreux dons que Dieu lui avait accordés, et il était reconnaissant pour ces manifestions d'amour paternel. Mais il n'en restait pas là : cette reconnaissance éveillait en son cœur le désir de suivre le Seigneur avec plus de générosité et de servir les autres avec humilité. Son amour pour l'Église, épouse du Christ, était remarquable : il l'a servie avec un cœur dépouillé d'intérêts mondains, loin de toute discorde, accueillant envers tous et recherchant toujours ce qu'il y a de positif chez les autres, ce qui unit, ce qui construit. Jamais une plainte ou une critique, pas même dans les moments les plus difficiles, mais au contraire, selon l'exemple de saint Josémaria, il répondait toujours par la prière, le pardon, la compréhension et la charité sincère.

Pardon. Il avouait souvent qu'il se voyait devant Dieu les mains vides, incapable de répondre à sa générosité. Mais l'aveu de la pauvreté humaine n'est pas le fruit du désespoir ; c'est au contraire le fruit de l'abandon confiant en un Dieu qui est Père, l'ouverture à sa miséricorde, à son amour capable de régénérer notre vie. Son amour n'humilie pas, il ne plonge pas dans l'abîme de la faute, mais il nous embrasse, nous relève de notre prostration et nous fait cheminer avec plus de détermination et de joie. Le serviteur de Dieu Alvaro savait combien nous avons besoin de la miséricorde divine et il mit toute son énergie à approcher du sacrement de la confession, le sacrement de la joie, les personnes qu'il fréquentait. Qu'il est important d'éprouver la tendresse de l'amour de Dieu et de découvrir qu'il y a encore du temps pour aimer!

Aide-moi plus. Le Seigneur ne nous abandonne jamais ! Il est toujours à nos côtés, il chemine avec nous et il attend chaque jour un amour renouvelé. Sa grâce ne nous manquera pas, et avec son aide nous pourrons faire connaître son nom au monde entier. Le cœur du nouveau bienheureux ne battait que du désir de porter la Bonne Nouvelle à tous […] Qui est très uni à Dieu, sait être proche des hommes. La première condition pour annoncer le Christ aux hommes est de les aimer, parce que le Christ les aime. Il faut sortir de nos égoïsmes et de notre commodité et aller à la rencontre de nos frères. C'est là que le Seigneur nous attend. Nous ne pouvons pas nous contenter de garder la foi pour nous : elle est un don que nous avons reçu pour le donner et le partager avec les autres.

Merci, pardon, aide-moi ! Ces quelques mots expriment la tension d'une vie centrée sur Dieu, de quelqu'un qui a été touché par l'Amour le plus grand et qui vit totalement de cet amour. Quelqu'un qui, tout en ressentant l'expérience de sa faiblesse et de ses limites humaines, s'abandonne à la miséricorde du Seigneur et veut que tous les hommes, ses frères, en fassent également l'expérience.

[…]Le bienheureux Alvaro del Portillo nous envoie un message très clair. Il nous dit d'avoir confiance dans le Seigneur, parce que le Seigneur est notre frère, notre ami qui jamais ne nous déçoit et qui est toujours à nos côtés. Il nous encourage à ne pas avoir peur d'aller à contre-courant ou de souffrir pour annoncer l'Évangile. Il nous apprend également que nous pouvons trouver un chemin sûr de sainteté dans la simplicité et la quotidienneté de notre vie. »

Les chrétiens "dilués" sont comme du vin coupé avec de l'eau

Angelus, 31 août 2014 :

« Il est triste de trouver des chrétiens "dilués", qui sont comme du vin coupé avec de l'eau, et on ne sait pas s'ils sont chrétiens ou mondains, tout comme on ne sait pas si le vin coupé avec de l'eau est du vin ou de l'eau ! […] Il est triste de trouver des chrétiens qui ne sont plus le sel de la terre, et nous savons que quand le sel perd sa saveur, il ne sert plus à rien. Leur sel a perdu sa saveur parce qu'ils se sont livrés à l'esprit du monde, c'est-à-dire qu'ils sont devenus mondains.
Par conséquent il est nécessaire de se renouveler continuellement en puisant la sève de l'Évangile. Et comment peut-on faire cela en pratique ? Avant tout en lisant et en méditant l'Évangile chaque jour, de façon à ce que la parole de Jésus soit toujours présente dans notre vie […] Avoir un Évangile et le lire, c'est porter la Parole de Jésus. En participant à la messe dominicale aussi, où nous rencontrons le Seigneur dans la communauté, nous écoutons sa Parole et recevons l'Eucharistie qui nous unit à Lui et entre nous ; les journées de retraite spirituelle sont également très importantes pour le renouvellement spirituel. Évangile, Eucharistie et prière […] Grâce à ces dons du Seigneur nous pouvons nous conformer non pas au monde, mais au Christ, et le suivre sur son chemin, le chemin où l'on "perd sa vie" pour la retrouver. "La perdre" dans le sens de la donner, de l'offrir par amour et dans l'amour – et cela comporte son sacrifice, et la croix – pour la recevoir à nouveau purifiée, libérée de l'égoïsme et de la dette de la mort, pleine d'éternité. »

Des évêques joignables

Le 18 septembre 2014, aux évêques récemment nommés :

« Je voudrais que vous soyez des évêques joignables, non en raison de la quantité des moyens de communication dont vous disposez, mais de la place intérieure que vous offrez pour accueillir les personnes et leurs besoins concrets, en leur donnant la totalité et l'ampleur de l'enseignement de l'Église, et pas un catalogue de regrets. Et que l'accueil soit pour tous sans discriminations, en offrant la fermeté de l'autorité qui fait croître et la douceur de la paternité qui engendre. Et s'il vous plaît, ne tombez jamais dans la tentation de sacrifier votre liberté en vous entourant de cours, de groupes d'influence ou d'adulateurs, car sur les lèvres de l'évêque, l'Église et le monde ont le droit de toujours trouver l'Évangile qui rend libres.

La prédication de Paul n'est pas issue d'un cours au Latran

Le 2 septembre 2014 :

« La prédication de Paul n'est pas issue d'un cours au Latran, à la Grégorienne… mais plutôt enseignée par l'Esprit-Saint, exprimant des choses spirituelles en termes spirituels ». Ainsi celui qui « ne comprend pas les choses de l'Esprit et n'en donne pas témoignage, n'a pas l'identité chrétienne ». L'identité chrétienne n'est pas « l'esprit du monde, la manière de penser et de juger du monde » mais « la pensée du Christ et de l'Esprit du Christ ». C'est ce qui donne au baptisé sa « liberté ». Ainsi, avoir « cinq diplômes en théologie, mais ne pas avoir l'Esprit de Dieu », ne peut suffire : « tu seras peut-être un grand théologien, mais tu n'es pas un chrétien... on voit souvent dans les paroisses de simples petites vieilles qui n'ont peut-être pas étudié, mais qui parlent de ces choses mieux qu'un théologien, car elles ont l'Esprit du Christ […] L'autorité de Jésus et l'autorité du chrétien vient justement de cette capacité de comprendre les choses de l'Esprit, de parler la langue de l'Esprit ».

Attention à la vie vécue comme une bulle de savon

Angelus, 8 septembre 2014

« Tant de chrétiens vivent pour paraître. Leur vie ressemble à une bulle de savon. Et elle est belle cette bulle de savon ! Elle est toute colorée ! Mais elle dure quelques secondes, et après ? Même lorsqu'on regarde des stèles funéraires, on pense que c'est une vanité, parce que la vérité, c'est le retour à la terre nue […] La terre nue nous attend, là est notre vérité finale. Entre temps, je me vante ou je fais quelque chose ? Je fais le bien ? Je cherche Dieu ? Je prie ? Est-ce que je fais des choses consistantes ? La vanité est une menteuse, une fantaisiste, elle se trompe elle-même, elle trompe le vaniteux, parce qu'il feint d'abord d'être, mais finalement il croit être quelque chose. Il y croit vraiment. Le pauvre ! ».

Jésus « réprimandait tant » ceux qui se vantaient. Aux docteurs de la loi, Jésus disait qu'ils ne devaient pas « se promener sur les places publiques » en portant « des vêtements luxueux » comme ceux des « princes ». Quand tu pries, demandait le Seigneur, « ne prie pas pour que l'on te voie, prie en cachette, retire-toi dans ta pièce la plus retirée ». C'est la même chose que l'on doit faire lorsqu'on aide les pauvres: « ne fais pas jouer de la trompette (…). Le Seigneur le voit, et c'est suffisant ».

C'est la situation qu'a connue Hérode, lui qui, comme le rapporte l'Evangile de ce jour, s'interrogeait avec insistance sur l'identité de Jésus. « La vanité sème une mauvaise inquiétude, elle enlève la paix. C'est comme ces personnes qui se maquillent trop et qui ensuite ont peur de se prendre la pluie et que tout le maquillage parte. La vanité ne nous apporte pas la paix, seule la vérité nous donne la paix. Pensons à cette proposition du diable, du démon, qui a aussi incité Jésus à la vanité quand il était dans le désert ». Le démon lui a présenté « la vanité sur un plateau ». La vanité, « est une maladie spirituelle très grave ».

« On prend un oignon et on commence à l'éplucher ; on effeuille la vanité aujourd'hui, un peu demain, et toute la vie on effeuille la vanité pour la vaincre. A la fin, on est content : je me suis débarrassé de la vanité, j'ai enlevé toutes ses feuilles à l'oignon, mais il me reste l'odeur sur les mains. Demandons au Seigneur la grâce de ne pas être vaniteux, d'être vrais, avec la vérité de la réalité et de l'Evangile ».