Les fioretti du pape François en juin

Témoigner fait partie de l'identité chrétienne : la fête de Saint Pierre et Saint Paul nous le rappelle de façon convaincante.

Les fioretti du pape François au cours du mois de juin

« L’Eucharistie n’est pas la récompense des bons, mais la force des faibles, des pécheurs, le pardon, le viatique qui nous aide à marcher, avancer » tweet du 9 juin 2015-06-10

Une Église ou un chrétien sans témoignage est un mort qui pense être vivant

À Saint-Pierre, pour la bénédiction des pallium, le 9 juin 2015 :

Seulement celui qui croit peut vraiment dire: « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien (Ps 23, 1). Combien de forces, au long de l’histoire, ont cherché –et cherchent– à anéantir l’Église, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, mais elles sont toutes anéanties et l’Église reste vivante et féconde! Elle reste inexplicablement solide pour que, comme dit saint Paul, elle puisse acclamer : ‘À lui la gloire pour les siècles des siècles’ (2 Tm 4, 18). Tout passe, seul Dieu reste. En effet, ils ont passé des royaumes, des peuples, des cultures, des nations, des idéologies, des puissances, mais l’Église, fondée sur le Christ, malgré beaucoup de tempêtes et nos nombreux péchés, reste fidèle au dépôt de la foi dans le service, parce que l’Église n’est pas l’Église des papes, des évêques, des prêtres, et non plus des fidèles, elle est seule et seulement du Christ. Seul celui qui vit dans le Christ promeut et défend l’Église avec la sainteté de sa vie, à l’exemple de Pierre et de Paul. Les croyants dans le nom du Christ ont ressuscité les morts ; ils ont guéri les infirmes ; ils ont aimé leurs persécuteurs ; ils ont démontré qu’il n’existe pas de force capable de vaincre celui qui détient la force de la foi!

Seul celui qui vit dans le Christ promeut et défend l’Église avec la sainteté de sa vie, à l’exemple de Pierre et de Paul.

Pierre et Paul, comme tous les Apôtres du Christ qui durant leur vie terrestre ont fécondé l’Église de leur sang, ont bu au calice du Seigneur, et ils sont devenus les amis de Dieu. Paul a écrit à Timothée avec un accent émouvant : ‘Bien-aimés, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse’ (2 Tm 4, 6-8). Une Église ou un chrétien sans témoignage est stérile ; un mort qui pense être vivant ; un arbre sec qui ne donne pas de fruit ; un puits asséché qui ne donne pas d’eau! L’Église a vaincu le mal grâce au témoignage courageux, concret et humble de ses enfants. Elle a vaincu le mal grâce à la proclamation convaincue de Pierre : ‘Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant’ et à la promesse éternelle de Jésus (cf. Mt 16, 13-18).

Les richesses ne sont pas comme une statue

À Sainte Marthe le 19 juin 2015 :

Les richesses ne sont pas « comme une statue », statiques, sans influence sur la vie d’une personne. « Les richesses ont tendance à croître, à se mouvoir, à prendre racine dans la vie et le cœur de l’homme. Et si ce qui motive l’homme est l’accumulation, les richesses réussiront à envahir le cœur, qui deviendra ‘corrompu’ ». Ce qui au contraire sauve le cœur est l’utilisation de la richesse « pour le bien commun »

Jésus enseigne aux disciples cette vérité : ‘Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur’. […] ‘Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et les vers les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel’. » Il y a « à la racine » de l’accumulation « l’envie de sécurité » Mais le risque de le faire seulement pour soi-même et donc d’en rester esclave est très haut.
« Ces richesses ne donnent pas de sécurité pour toujours. Au contraire, elles « abaissent la dignité. Cela a des conséquences dans les familles. Même à la racine des guerres il y a cette ambition qui détruit, corrompt. Dans ce monde, en ce moment, il y a tant de guerres à cause de l’avidité du pouvoir, de richesses. On peut penser à la guerre dans notre cœur […] Tenez-vous éloignés de toute cupidité, ainsi parle le Seigneur. Parce que la cupidité va de l’avant, va de l’avant, va de l’avant. Et à un certain moment, elle ouvre une porte: alors vient la vanité – se croire important, se croire puissant. Puis à la fin, l’orgueil. De là, tous les vices. Ce sont des marches, dont le premier est la cupidité, l’envie d’accumuler des richesses ».

La cupidité ouvre la porte à la vanité puis aboutit à l'orgueil. De là, tous les vices.

« Accumuler est justement une qualité de l’homme » et « faire les choses et dominer le monde est aussi une mission ». Alors « ceci est la lutte de tous les jours : comment bien gérer les richesses de la terre, pour qu’elles soient orientées vers le ciel et deviennent richesses du ciel ? ».

« Tous les jours nous devons nous demander: Où est ton trésor ? Dans les richesses ou dans le service pour le bien commun ? »

« Une chose est vraie, quand le Seigneur bénit une personnes avec les richesses: il le fait administrateur de ces richesses pour le bien commun, non pour son propre bien. Il n’est pas facile de devenir un administrateur honnête, car il y a toujours la tentation de la cupidité, de devenir important. Le monde nous enseigne cela et nous mène sur cette route. Penser aux autres, penser que ce que j’ai est au service des autres et que je ne pourrai emmener aucune chose que je possède. Mais si j’utilise ce que le Seigneur m’a donné pour le bien commun, comme administrateur, cela me sanctifie, cela me fera saint ».
« Tous les jours nous devons nous demander: Où est ton trésor ? Dans les richesses ou dans le service pour le bien commun ? »

« C’est difficile, c’est comme jouer avec le feu ! Tant de personnes tranquillisent leur conscience avec l’aumône et donne ce qu’ils ont en trop. Lui n’est pas l’administrateur : l’administrateur donne tout, en service, aux autres. Administrer les richesses revient à se déshabiller continuellement du propre intérêt et ne pas penser que ces richesse nous sauverons. Accumuler, oui. Des trésors, oui. Mais ceux qui ont prix dans la bourse du ciel ».

La pauvreté est au centre de l’Évangile, ce n’est pas une idéologie
À Sainte Marthe, le 16 juin 2015

« Paul s’adresse à l’Eglise de Corinthe : ‘Et comme vous êtes riches, pensez à eux, à l’Eglise de Jérusalem’. Mais de quelle richesse Paul parle-t-il ? La réponse se lit immédiatement après : ‘Vous êtes riches en tout, foi, parole, science, empressement de toute nature, charité que nous vous avons communiquée’. Et elle est suivie par une exhortation : ‘Ainsi il vous faut aussi exceller en cette libéralité’. Faites plus précisément, ‘en sorte que cette richesse si grande –le zèle, la charité, la Parole de Dieu, la connaissance de Dieu– parvienne jusque dans les poches’ […]. Car, « quand la foi n’arrive pas jusqu’aux poches, ce n’est pas une foi authentique », et cela est ‘une règle d’or’ dont on doit se souvenir.

« quand la foi n’arrive pas jusqu’aux poches, ce n’est pas une foi authentique »

[…] « L’Église de Jérusalem est pauvre, en difficulté économique, mais riche, car elle a le trésor de l’annonce évangélique […] Jésus-Christ, de la richesse de Dieu s’est fait pauvre, il s’est abaissé pour nous. Être pauvre, c’est se laisser enrichir par la pauvreté du Christ et ne pas vouloir être riche avec d’autres richesses qui ne soient pas celles du Christ […]Quand nous aidons les pauvres, nous ne faisons pas chrétiennement œuvre de bienfaisance. C’est bon, humain, mais ce n’est pas la pauvreté chrétienne que veut Paul. Il s’agit de donner un peu de soi au pauvre –pas du superflu, mais aussi du nécessaire– car il nous enrichit, Jésus lui-même ayant dit être dans la pauvreté ».

La pauvreté « n’est pas une idéologie ». La pauvreté « est au centre de l’Evangile ». Dans la ‘théologie de la pauvreté’, nous trouvons ‘le mystère du Christ qui s’est abaissé, s’est humilié, s’est appauvri pour nous enrichir’. On comprend ainsi pourquoi la première des béatitudes est: ‘Heureux les pauvres d’esprit’ ». Et « être pauvre d’esprit signifie aller sur cette voie du Seigneur», qui ‘s’abaisse tant’ qu’il se fait ’pain pour nous’ dans le sacrifice eucharistique. Jésus « continue de s’abaisser dans l’histoire de l’Eglise, dans le mémorial de sa passion, dans le mémorial de son humiliation, dans le mémorial de son abaissement, dans le mémorial de sa pauvreté, et il nous enrichit de ce ‘pain’».

Ne cherchons pas Dieu dans une spiritualité éthérée

À Sainte Marthe, le 9 juin 2015 :

L’identité chrétienne est « belle » et suppose un témoignage. Pour cette raison, Jésus parle du témoignage comme du « langage de notre identité chrétienne ». Et puisque nous sommes pécheurs, l’identité chrétienne peut être tentée. Il y a toujours des tentations et l’identité peut « s’affaiblir ou se perdre ». ».

Saint Paul, se vante de Jésus ‘fait homme et mort par obéissance’. « Cela, c est l’identité, et c’est là qu’est le témoignage. C’est une grâce que nous devons demander au Seigneur : que toujours il nous offre ce cadeau, ce don d’une identité qui ne cherche pas à s’adapter aux choses. […]

Nous aussi devons parcourir un long chemin dans notre vie, pour que cette identité chrétienne soit forte et porte témoignage».

«Pour arriver à cette identité chrétienne notre Père, Dieu, nous a fait parcourir un long chemin d’histoire, de siècles et de siècles, avec des figures allégoriques, avec des promesses, des alliances […] jusqu’au moment de la plénitude des temps, quand il envoya son Fils ‘né d’une femme’. Il s'agit donc d’«un long chemin. Nous aussi devons parcourir un long chemin dans notre vie, pour que cette identité chrétienne soit forte et porte témoignage». Un chemin, «que nous pouvons définir de l’ambiguïté à la véritable identité».

«Il est vrai qu’il y a le péché et le péché nous fait tomber, mais nous avons la force du Seigneur pour nous relever et aller de l’avant avec notre identité». Mais «je dirai aussi que le péché est une partie de notre identité: nous sommes pécheurs, mais des pécheurs avec la foi en Jésus Christ». En effet, «ce n’est pas seulement une foi de connaissance» mais «c’est une foi qui est un don de Dieu et qui est entrée en nous par Dieu».

«Nous sommes des personnes qui ne poursuivent pas une philosophie» car «nous avons un don, qui est notre identité: nous sommes oints, nous avons imprimé en nous le sceau et nous avons en nous la garantie, la garantie de l’Esprit». Et «le Ciel commence ici, c’est une belle identité qui se fait voir à travers le témoignage».

Assurément, «l’identité chrétienne, parce que nous sommes pécheurs, est également soumise à la tentation, elle est tentée —des tentations se présentent toujours— et elle peut régresser, elle peut s’affaiblir et peut se perdre». Mais comment cela peut-il se produire? «Je pense que l’on peut y arriver principalement par deux voies».
La première est «celle de passer du témoignage aux idées», c’est-à-dire de «diluer le témoignage». Comme pour dire: ‘Eh oui, je suis chrétien, le christianisme est cela, une belle idée, je prie Dieu’. Mais «ainsi, du Christ concret, car l’identité chrétienne est concrète —nous le lisons dans les Béatitudes; ce caractère concret est également présent dans le chapitre 25 de Matthieu— nous passons à une religion un peu soft, dans le style et sur la voie des gnostiques». Derrière, en revanche, «il y a le scandale: cette identité chrétienne est scandaleuse». En conséquence «la tentation est de dire ‘non, non, sans scandale !’; mais la croix est un scandale; que Dieu se soit fait homme» est «un autre scandale» et on le laisse de côté; c’est-à-dire que nous cherchons Dieu «avec ces spiritualités chrétiennes un peu éthérées, légères». Au point qu’«il y a des gnostiques modernes et ils te proposent ceci et cela: non, le dernier mot de Dieu est Jésus Christ, il n’y en a pas d’autre!».
Sur cette voie se trouvent aussi «ceux qui ont toujours besoin de nouveauté dans l’identité chrétienne: ils ont oublié qu’ils ont été choisis, oints, qu’ils ont la garantie de l’Esprit et ils cherchent: ’Mais où sont les voyants qui nous parlent de la lettre que la Vierge nous enverra aujourd’hui à 4h00 de l’après-midi?’[ …] Une autre voie pour régresser dans l’identité chrétienne est la mondanité […],«élargir sa conscience au point que tout y rentre […] Nous voyons des communautés chrétiennes, également des chrétiens, qui se disent chrétiens, mais ne peuvent pas et ne savent pas témoigner de Jésus-Christ». Et «ainsi, l’identité régresse et se perd» et il s’agit de «ce nominalisme mondain que nous voyons tous les jours».

Esclaves de l’ordinateur

Réponses aux journalistes dans l’avion qui le ramenait de Sarajevo, le 6 juin 2015 :

« Trop attaché à l’ordinateur! Cela fait mal à l’âme et enlève la liberté : te rend esclave de l’ordinateur. C’est curieux, dans tant de familles les pères et les mères me disent : nous sommes à table avec les enfants et eux avec leur téléphone portable sont dans un autre monde. C’est vrai que le langage virtuel est une réalité que nous ne pouvons nier : nous devons la porter sur le bon chemin, car c’est un progrès de l’humanité. Mais quand cela nous détache de la vie ordinaire, de la vie familiale, de la vie sociale, mais aussi du sport, de l’art, et que nous restons accroché à l’ordinateur, cela c’est une maladie psychologique. C’est sûr ! Deuxièmement, les contenus. Oui, il y a des choses sales, qui vont de la pornographie à la semi-pornographie, aux programmes vides, sans valeurs: par exemple des programmes relativistes, hédonistes, gaspilleurs, qui fomentent toutes ces choses. Nous savons que la surconsommation est un cancer de la société, le relativisme est un cancer de la société […] J’ai dit le mot « saleté » pour dire une chose générale, mais tous nous savons ça. Il y a des parents très inquiets qui interdisent à leurs enfants d’avoir un ordinateur dans leur chambre; les ordinateurs doivent être dans un endroit de la maison accessible à tous. Ce sont de petites aides que les parents trouvent pour éviter justement cela. »