Les dix ans d’une canonisation

Dix ans déjà se sont écoulés depuis la canonisation de saint Josémaria, ce saint de l’ordinaire comme aimait à le nommer Jean-Paul II.

Une vue de la place Saint-Pierre le jour de la canonisation de Josémaria Escriva

 A cette occasion, nous vous invitons à relire ou à découvrir ce qu’a écrit le 6 octobre 2002, au sujet du fondateur de l’Opus Dei, celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger "Laisser Dieu agir"

Et aussi ce très beau texte de Monseigneur Xavier Echevarria, l’actuel prélat de l’Opus Dei qui nous parle de « contemplation au beau milieu du monde » en évoquant son expérience personnelle auprès de saint Josémaria : « Le Seigneur m’a accordé la grâce d’être le témoin de cette sainteté de vie, jour après jour, et ce, pendant vingt-cinq ans.»

Lire l'article "Contemplatif au milieu du monde"

Quant à Alvaro del Portillo, premier successeur de saint Josémaria, il évoque lui aussi, dans un article intitulé « l’héritage d’un fondateur », paru à l’époque dans l’Osservatore Romano, « cette disponibilité absolue à la volonté divine » qui l’a profondément marqué.) Saint Josémaria aimait d’ailleurs à exprimer cette attitude d’une façon imagée : « L’idée que la vie consiste à se consumer, à brûler d’amour au service de Dieu me touche profondément » .

Nous avons également demandé à un prêtre français, l’abbé Jean-Paul Savignac, qui a vécu deux ans avec lui à Rome de nous livrer quelques souvenirs.

Vous avez connu Saint Josémaria. Pouvez-vous nous parler de cette période où vous le fréquentiez ?

L'abbé Jean-Paul Savignac

J’avais 24 ans lorsque, après une maitrise d’histoire à la Sorbonne, je suis allé à Rome deux ans pour faire des études de théologie. Saint Josémaria appréciait particulièrement la France. Le tempérament, la culture, la langue faisaient, disait-il volontiers, que les français s’adaptent facilement au reste du monde et sont accueillis un peu partout. Cela lui semblait une qualité propre à revigorer le christianisme que les siècles antérieurs avaient un peu « occidentalisé », divisé, en réduisant sa sève.… 

 

Quels sont les traits de sa personnalité qui vous ont le plus marqués?

Une capacité d’agir très maitrisée, une intuition immédiate des personnes et des situations, une intelligence exceptionnellement capable d’unir l’universel et le particulier, un don de sympathie et un goût visible pour des relations humaines empreintes de naturel et de simplicité.

Avez-vous des souvenirs personnels qui peuvent nous aider à mieux le connaitre?

Saint Josémaria m’a demandé, pendant un an, de lui donner des cours de français ! Deux heures par semaine : le français était à l’époque de Paul VI la langue diplomatique du Saint Siège et cela devait sans doute faciliter les échanges intenses du fondateur de l’Œuvre avec le monde ecclésiastique pour mieux faire comprendre son action au service de l’Eglise. Malgré le poids du travail et de l’âge, il se passionnait pour la méthode d’apprentissage oral ; il m’avait dit en souriant – c’était en 1968- qu’ « ’il ne serait pas un étudiant contestataire »… Pouvez-vous nous raconter une anecdote qui montre son amour de Dieu ?

Il vint à l’improviste un dimanche de l’été 69 dans les Abruzzes où, avec une centaine d’étudiants de tous les continents je poursuivais, loin de la chaleur torride de Rome les études de théologie. Visitant la vieille maison encore en travaux, il découvrit un oratoire souterrain du type «  Notre-Dame-sous-terre ».Et il en fût attristé. «  Comment osez-vous laisser le Seigneur dans un endroit aussi obscur, aussi humide, aussi étriqué, où personne d’entre vous ne pourrait vivre ! ». Ill ajouta devant les architectes : «  je ne suis pas fâché, non, mais je veux que vous n’oubliez pas ceci : le Seigneur mérite qu’on lui donne partout le meilleur… »   

Comment son respect pour la liberté de ses « enfants » se traduisait-il ?

Il appréciait visiblement la spontanéité. Il aimait former le jugement des jeunes qui l’entouraient sur l’esprit de l’Opus Dei. Il leur disait que, revenus dans leurs pays, ce seraient eux qui décideraient ce qu’il convenait de faire pour l’Œuvre et pour l’Eglise, d’abord avec du bon sens, ensuite en respectant le travail des autres, enfin en s’attachant au principe que la vérité s’expose ou se propose, mais qu’on ne doit jamais l’imposer.