La soif du salut

"J'ai soif" : toute la soif de l'humanité semble se donner rendez-vous dans ce cri de détresse.

4. La soif du salut

Grégoire Fernandez, La cinquième parole : « J'ai soif » (Valladolid, 1616).

« J'ai soif ! » (Jean 19, 28), s'écrie Jésus au terme de son agonie. La cinquième parole de la croix, méditée et chantée par les générations chrétiennes, a apaisé le désir de sainteté de nombreux fidèles.

La sculpture en bois castillane a donné forme à de nombreuses scènes de la Passion pour accompagner les processions populaires. La soif du Christ crucifié, œuvre de Grégoire Fernandez (1616), est vénérée à Valladolid, le vendredi saint, par la Confrérie « des sept paroles ».

Toute la soif de l'humanité semble se donner rendez-vous dans ce cri de détresse. La soif des patriarches nomades, à la recherche de puits pour abreuver leurs troupeaux ; la soif angoissante d'une esclave répudiée, qui cherche désespérément de quoi faire boire son enfant Ismaël ; la soif du peuple d'Israël au désert, qui donna lieu au miracle de Moïse.

Ce n'est pas la première fois que Jésus ressent l'ardeur dans sa bouche : les quarante jours de jeûne, la montée du Thabor, la halte à midi sous le soleil de Sychar. « J'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire » (Matthieu 25, 42).

Ce vendredi saint, la Samaritaine n'est pas là pour lui apporter de l'eau, mais le Christ ressent la même urgence qu'auprès du puits de Jacob : « il montre son désir ardent pour le salut du genre humain » (saint Thomas d'Aquin, Commentaire à l'évangile de saint Jean). Le soldat lui offrira du vin acidulé et Jésus éveillera la foi du centurion.

Mère Teresa de Calcutta fut vivement touchée par cette parole de rédemption. « Jésus a soif, même maintenant, dans votre cœur et dans les pauvres, il connaît votre faiblesse. Il veut seulement votre amour, il veut seulement la chance de vous aimer » (Lettre, 1993). Le cri de Jésus a trouvé un heureux écho contemporain dans la sainte Albanaise. Éclairée par la parole du Supplicié, elle a rempli le monde de la charité qui émane de la Croix.

Le « j'ai soif » a bouleversé la vie des saints. Lorsque nous éprouvons la soif de nous rapprocher de Dieu, de nous remplir de son amitié, la grâce rajoute encore, selon l'esprit du Sauveur, le désir de lui rapprocher d'autres personnes.

Abbé Fernandez