La famille, un rêve de Dieu

Le 27 novembre prochain nous penserons au départ au Ciel de José Escriva Corzan, en 1924. L’abbé E.Monasterio envoie aujourd’hui cette lettre au père de saint Josémaria.

Le 27 novembre prochain nous penserons au départ au Ciel de José Escriva Corzan, en 1924.

L’abbé E.Monasterio envoie aujourd’hui cette lettre au père de saint Josémaria.

Les parents de saint Josémaria

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Mon cher don José. Permets-moi de t’appeler « grand-père » comme je le fais en famille ou lorsque, comme maintenant, je m’entretiens en silence avec toi.

Tu fus le père d’un grand saint. Tu ne le sais que trop puisqu’il est désormais au Ciel tout près de toi. Sans doute l’aides-tu à classer le courrier qu’il reçoit d’ici-bas. C’est une tâche aisée puisque votre courrier là-haut est plus rapide et efficace que celui d’Internet. Tu dois être aux anges à constater que nous sommes des millions à solliciter tous les jours l’intercession de saint Josémaria, sans problèmes de wifi ou de réseau.

Commerçant à Barbastro au début du 20ème siècle, tu étais copropriétaire de "Juncosa y Escrivá", un établissement dont l’enseigne évoquait la vente de « tissus nationaux et étrangers » et la fabrication « de chocolats exquis fait maison, avec une médaille d’or ».

Ceci dit, ton affaire n’a pas bien tourné. La surprenante trahison d’un de tes associés et la crise — il y a toujours une crise qui nous guette — t’ont obligé à baisser le rideau. Tu aurais pu t’en tirer sans doute si tu n’avais pas pris sur toi, après la faillite, tout le dédommagement de tes employés, largement indemnisés.

Gentleman prospère et déchu, tu t’es retrouvé vendeur dans un commerce de Logroño, alors que tu avais sur les bras l’affaire la plus importante de toutes, ta famille.

Avec Dolores Albas, ton épouse, vous avez eu six enfants, quatre filles et deux garçons. Carmen l’aînée, ensuite, Josémaria, Chon, Lolita et Rosario. Puis, longtemps après, lorsque Josémaria était déjà au séminaire, le petit Santiago.

Bon père, généreux et droit, très « porté à faire l’aumône », saint Josémaria assurait qu’il te devait sa vocation.

Comme ses élus, le Seigneur te bénit de sa croix. Trois coups durs et inattendus. En quatre ans, tes trois petites filles sont mortes. Des enfants de huit, cinq et un an.

Et lorsque par la suite, Josémaria t’avoua qu’il voulait être prêtre, ton dernier rêve paru se briser. Ton fils te vit pleurer pour la première fois, or tu savais que c’était l’affaire de Dieu et tu n’as pas voulu être un obstacle.

Quelle grande famille ! Vous êtes tous ensemble au Ciel désormais, plus unis que jamais. « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » se disent les époux. Or la mort ne sépare pas, elle rassemble éternellement ceux qui ont su se dépenser dans cet écosystème d’amour qu’est la famille.

Tu as eu une épouse sainte que j’ai toujours appelée « grand-mère » et une fille aînée, tante Carmen, qui a renoncé à sa vie personnelle pour aider saint Josémaria à mettre en route les projets de l’Œuvre. Tes trois petites sont venues t’accueillir au Ciel quand le Seigneur t’appela le 27 novembre 1924. Tu n’avais que 57 ans, tu étais épuisé, pressé comme un citron.

Santiago, ton « tardillon », t’a couronné de petits et d’arrières petits-enfants.

Mon cher grand-père, comme tu le sais bien, le synode de la famille vient de se terminer à Rome. Quelques médias ont essayé d’en faire un parlement voué à remplacer le mariage tel que Dieu le voulut dès le début, par une institution fragile, ballottée au gré du caprice et des idéologies du moment.

L’Église — cela ne pouvait pas être autrement—qui a tenu bon face à toutes ces pressions, a présenté au monde le modèle de la Sainte Famille de Nazareth et celui de tant de familles, qui, comme la tienne, sont appelées à être le ferment, le levain du salut de notre monde qui semble parfois courir vraiment au suicide. « Le mariage n’est pas une invention humaine, ni une utopie d’adolescents, c’est ce dont Dieu a rêvé pour son fils bien-aimé », nous a assuré le saint-père François.

On dit que les saints vous avez au ciel des spécialités et des dévolus précis. Je sais donc à qui je vais désormais confier le coup de main à donner aux familles à problèmes. Permets-moi de te nommer « protecteur » des jeunes couples, des garçons et des filles qui ont peur de s’engager, des parents qui se sentent incapables d’éduquer et d’orienter leurs adolescents.

Et surtout, remercie Dieu de notre part pour ce rêve à lui, qui est une réalité vivante chez des millions de famille du monde entier.