Fioretti juin 2016

Le Pape parle aux jeunes de différents martyres : martyre de l'honnêteté, de la patience, de la fidélité. À tous, il propose l'Évangile de la joie, comme le vin de Cana réjouissant les invités. Une condition pour que le miracle se réalise : l'humilité

Les bavardages sont comme la bombe d’un kamikaze

Aux jeunes de la Maison de Nazareth, le 28 juin 2016 :

« La foi nous fait témoigner de tant de choses difficiles dans la vie ; nous témoignons aussi par la vie.

le martyre de tous les jours : le martyre de l’honnêteté, le martyre de la patience, dans l’éducation des enfants; le martyre de la fidélité à l’amour, quand il est plus facile de prendre un autre chemin, plus caché, le martyre de l’honnêteté

Mais nous n’y trompons pas: le martyre sanglant n’est pas l’unique façon de témoigner du Christ. C’est, disons, le maximum, la façon la plus héroïque. Il est vrai aussi qu’aujourd’hui il y a plus de martyrs qu’aux premiers siècles de l’Église, c’est vrai. Mais il y a le martyre de tous les jours : le martyre de l’honnêteté, le martyre de la patience, dans l’éducation des enfants; le martyre de la fidélité à l’amour, quand il est plus facile de prendre un autre chemin, plus caché, le martyre de l’honnêteté, dans un monde que l’on pourrait appeler ’le paradis des pots-de-vin’, c’est si facile: ‘Vous dites ça et vous aurez ça.’ […] Pour un chrétien, son martyre, c’est de dire : ‘Non, je ne veux pas!’ – ‘Si tu ne veux pas, tu n’auras pas ce poste, tu ne pourras pas aller plus haut.’ Le martyre du silence devant la tentation des commérages. Pour un chrétien – et c’est Jésus qui le dit – le bavardage ce n’est pas bien. Jésus dit que celui qui dit ’stupide’ à son frère doit aller en enfer. Vous savez que les bavardages sont comme la bombe d’un terroriste, d’un kamikaze. […] Les bavardages c’est quand je jette la bombe, que détruis la personne et en suis heureux. Le témoignage chrétien c’est le martyre de chaque jour, un martyre silencieux, et nous devons parler comme ça. »

Regarde-toi dans le miroir, non pour te maquiller, pour qu’on ne voie pas les rides.

À Sainte-Marthe, le 20 juin 2016 :

« Nous tous, nous voulons qu’au jour du jugement «le Seigneur nous regarde avec bienveillance, que le Seigneur oublie tant de mauvaises choses que nous avons faites dans notre vie. […] Si tu juges continuellement les autres, avec la même mesure tu seras jugé […] Regarde-toi dans le miroir, mais pas pour te maquiller, pour qu’on ne voie pas les rides. Non, non, cela n’est pas le conseil ! Regarde-toi dans le miroir pour te regarder toi, comment tu es. Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans les yeux de ton frère et ne te rends-tu pas compte de la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment diras-tu à ton frère ‘laisse-moi enlever la paille" de ton œil, alors que dans ton œil il y a la poutre ?’ Et comment nous qualifie le Seigneur, quand nous faisons cela ? Une seule parole : ‘hypocrite’. Retire d’abord la poutre de ton œil, et alors tu nous verras bien pour enlever la paille de l’œil de ton frère […] Le Seigneur nous accuse d’être hypocrites quand nous nous mettons à la place de Dieu. C’est ce que le serpent à intimé à Adam et Eve : ‘si vous mangez de cela, vous serez comme Lui’. Eux, ils ‘voulaient se mettre à la place de Dieu’. […] Le jugement est seulement pour Dieu, seulement pour Lui ! À nous l’amour, la compréhension, la prière pour les autres quand nous voyons des choses qui ne sont pas bonnes […] mais jamais juger. Jamais »

Peut-on prier avec arrogance ?

Audience générale, 1er juin 2016 :

« Peut-on prier avec arrogance ? Non ! […] Nous devons seulement prier en nous mettant devant Dieu tels que nous sommes. Pas comme le pharisien qui priait avec arrogance et hypocrisie. Nous sommes tous pris par la frénésie du rythme quotidien, souvent livrés à nos sensations, étourdis, confus.

Si Dieu préfère l’humilité, ce n’est pas pour nous abaisser : l’humilité est plutôt la condition nécessaire pour être relevé par lui, pour faire l’expérience de la miséricorde

Il est nécessaire d’apprendre à retrouver le chemin de notre cœur, de retrouver la valeur de l’intimité et du silence, parce que c’est là que Dieu nous rencontre et nous parle. C’est seulement à partir de là que nous pouvons à notre tour rencontrer les autres et parler avec eux. Le pharisien s’est mis en marche vers le temple, il est sûr de lui mais il ne se rend pas compte qu’il a perdu le chemin de son cœur […] L’arrogance compromet toute bonne action, vide la prière, éloigne de Dieu et des autres. Si Dieu préfère l’humilité, ce n’est pas pour nous abaisser : l’humilité est plutôt la condition nécessaire pour être relevé par lui, pour faire l’expérience de la miséricorde qui vient combler nos vides.

Devant un cœur humble, Dieu ouvre entièrement son cœur

Si la prière de l’arrogant ne touche pas le cœur de Dieu, l’humilité du misérable l’ouvre tout grand. Dieu a une faiblesse : son faible pour les humbles. Devant un cœur humble, Dieu ouvre entièrement son cœur. »

Imaginez-vous, finir une fête en buvant du thé

Audience générale, 8 juin 2016 :

« En inaugurant son ministère public pendant les noces de Cana, Jésus se manifeste comme l’époux du peuple de Dieu, annoncé par les prophètes, et nous révèle la profondeur des liens qui l’unissent à Lui: c’est une nouvelle Alliance d’amour. Qu’y a-t-il à la base de notre foi? Un geste de miséricorde de Jésus, qui nous a liés à lui. Et la vie chrétienne c’est la réponse à cet amour, c’est comme l’histoire de deux amoureux. Dieu et l’homme se rencontrent, se cherchent, se trouvent, se célèbrent et s’aiment : comme le bien-aimé et la bien-aimée du Cantique des Cantiques. Tout le reste vient après, comme conséquence de cette relation. L’Église est la famille de Jésus sur laquelle il déverse tout son amour. C’est sur cet amour que l’Église veille et qu’elle veut donner à tous.

C’est dans le cadre de cette Alliance que nous devons comprendre aussi la remarque de Marie: Ils n’ont pas de vin. Comment peut-on célébrer des noces et faire la fête sans vin, cet élément indiqué par les prophètes comme étant « l’élément type du banquet messianique (cf. Am 9,13-14; Gl 2,24; Is 25,6)? De l’eau, il en faut, pour vivre, mais le vin exprime l’abondance du festin et la joie de la fête. Nous sommes à une fête de noces où il n’y a pas de vin;

L’Église est la famille de Jésus sur laquelle il déverse tout son amour. C’est sur cet amour que l’Église veille et qu’elle veut donner à tous.

les jeunes mariés ont honte de cela. Imaginez-vous, finir une fête en buvant du thé ; ça serait la honte. Il faut du vin pour fêter. En transformant en vin l’eau des amphores utilisée ’pour la purification rituelle des Juif’, Jésus accomplit un geste éloquent: il transforme la Loi de Moïse en Évangile, porteur de joie. Comme Jean dit ailleurs: ‘La Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (1,17). »