Fioretti du Pape François en mars

Laïcité ouverte à la transcendance, pardon des péchés, projets divins surprenants... voici quelques extraits d'allocutions du Pape François pendant le mois de mars.

Dieu efface le péché à la racine, non pas comme à la teinturerie quand nous apportons un vêtement et qu’on efface la tache

Audience du 30 mars 2016 :

« Le pardon divin est éminemment efficace, parce que Dieu crée ce qu’il dit. Il ne cache pas le péché, mais le détruit et l’efface ; mais il l’efface vraiment à la racine, non pas comme à la teinturerie quand nous apportons un vêtement et qu’on efface la tache. Non ! Dieu efface notre péché vraiment à la racine, tout ! C’est pourquoi le pénitent redevient pur, toutes ses taches sont éliminées et il est maintenant plus blanc que la neige non contaminée. Nous sommes tous pécheurs[…] Avec le pardon, pécheurs, nous devenons des créatures nouvelles, comblés de l’Esprit et remplis de joie. »

Il peut y avoir un excès de excès de spiritualité ‘pétillante’

Messe chrismale du 24 mars 2016 :

« Nous sentons que notre âme est assoiffée de spiritualité, mais non par manque d’Eau Vive – que nous buvons seulement à petits coups – mais par excès de spiritualité «pétillante», de spiritualité «light». Nous nous sentons aussi prisonniers, non pas entourés, comme tant de peuples, par d’infranchissables murs de pierres ou par des clôtures d’acier, mais par une mondanité virtuelle qui s’ouvre et se ferme d’un simple clic. Nous sommes oppressés, non par des menaces et des bourrades, comme beaucoup de pauvre gens, mais par l’attrait de mille propositions de consommation dont nous ne pouvons pas nous défaire en nous secouant pour marcher, libres, sur les sentiers qui nous conduisent à l’amour de nos frères, au troupeau du Seigneur, aux brebis qui attendent la voix de leurs pasteurs.

Et Jésus vient nous racheter, nous faire sortir, pour nous transformer de pauvres et aveugles, de prisonniers et opprimés en ministres de miséricorde et de consolation. »

La France doit devenir un pays plus laïc

Entretien avec des catholiques de gauche français, rapporté, le mercredi 2 mars, par l’hebdomadaire La Vie :

« Votre laïcité est incomplète. La France doit devenir un pays plus laïc. Il faut une laïcité saine […] Une laïcité saine comprend une ouverture à toutes les formes de transcendance, selon les différentes traditions religieuses et philosophiques. D’ailleurs même un athée peut avoir une intériorité. (...) Une critique que j’ai envers la France est que la laïcité résulte parfois trop de la philosophie des Lumières, pour laquelle les religions étaient une sous-culture. La France n’a pas encore réussi à dépasser cet héritage. […]. La recherche de la transcendance n’est pas seulement un fait, mais un droit. […] On a le droit d’être de gauche ou de droite. Mais l’idéologie, elle, ôte la liberté ».

Repars avec ton chèque, et brûle-le !

Audience publique du 2 mars 2016 :

« Dieu, dit le prophète Isaïe, n’aime pas le sang de taureaux et d’agneaux (v. 1), surtout si l’offrande est faite avec des mains salies dans le sang de nos frères (v. 15). Mais je pense à certains bienfaiteurs de l’Église qui viennent avec leur offrande : « Tenez, cette offrande pour l’Église ! » ; c’est le fruit du sang de tant de personnes exploitées, maltraitées, asservies par un travail mal payé ! Je dirai à ces personnes : « S’il te plaît, repars avec ton chèque, et brûle-le ! » Le peuple de Dieu, c’est-à-dire l’Église, n’a pas besoin d’argent sale, il a besoin de cœurs ouverts à la miséricorde de Dieu. »

‘Tu ne me salues plus, mais dans mon cœur, moi, je t’ai pardonné’

À Sainte-Marthe, le 1er mars 2016 :

« Il faut pardonner comme pardonne Dieu. Le pardon au maximum. Le pardon du cœur que nous donne Dieu est toujours miséricorde […] Quand Dieu pardonne, son pardon est tellement grand que c’est comme s’il ‘oubliait’. Ainsi, une fois que nous sommes en paix avec Dieu grâce à sa miséricorde, si l’on disait au Seigneur : ‘Mais tu te souviens de cette chose mauvaise que j’ai faite ?’, la réponse pourrait être : ‘Laquelle ? Je ne m’en souviens pas…’ C’est tout le contraire de ce que nous faisons, nous : ‘Mais celui-ci a fait ceci, a fait cela…’

Dans le Notre Père, nous disons : ‘Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.’ » Il s’agit d’une « équation. Si tu n’es pas capable de pardonner, comment Dieu pourra-t-il te pardonner ? Il veut te pardonner, mais il ne pourra pas si tu as le cœur fermé, et la miséricorde ne peut pas entrer. […] Que le Carême nous prépare le cœur pour recevoir le pardon de Dieu. […] Pardonner du fond du cœur. ‘Peut-être que tu ne me salues plus, mais dans mon cœur, moi, je t’ai pardonné’. Et ainsi nous nous rapprochons de cette chose tellement grande, de Dieu, qui est la miséricorde. […] Pardonnons, et nous serons pardonnés. Ayons de la miséricorde avec les autres, et nous sentirons cette miséricorde de Dieu, qui, quand il pardonne, oublie».

Le dessein de salut de Dieu ne suit pas nos schémas

À Sainte-Marthe, le 29 février 2016 :

« Le dessein de salut de Dieu ne suit pas nos schémas. Le salut n’advient pas comme nous pensions que devait être le Salut. Jésus […] perçoit le ‘mépris’ des docteurs de la Loi qui cherchaient le salut dans la casuistique de la morale et dans de nombreux préceptes, mais le peuple n’avait pas confiance en eux […]. Les sadducéens cherchaient le salut dans les compromis avec les pouvoirs du monde, avec l’Empire… […] Mais le peuple avait du flair, et il ne croyait pas. Oui, il croyait à Jésus car il parlait ‘avec autorité’. Mais pourquoi ce dédain ? Parce que dans notre imaginaire, le salut doit venir de quelque chose de grand, de quelque chose de majestueux. Seuls les puissants sauvent, ceux qui ont la force, qui ont de l’argent, qui ont du pouvoir : ceux-là peuvent nous sauver… Mais le plan de Dieu est tout autre ! Ils s’indignent parce qu’ils ne peuvent pas comprendre que le salut vient seulement du petit, de la simplicité des choses de Dieu. »