Maria Casal : sa véritable histoire (texte intégral)

Maria Casal, étonnée du traitement réservé à des faits bien connus d’elle, a souhaité reprendre point par point le chapitre du livre de Maria Del Carmen Tapia la concernant. Son objectif : dire la vérité sur son histoire, largement réécrite dans ce livre. Nous la laissons ici s’exprimer au fil de la plume…

Je ne me suis jamais intéressée à ce livre et n’ai jamais eu envie de le lire, pensant qu’il ne pouvait me causer que de la peine. Mais lorsqu’une amie m’envoya une copie des paragraphes me concernant, et que j’y découvris tant d’erreurs, je pris alors la résolution de les commenter. Je n’apporterai donc de rectificatif qu’aux extraits relatant des événements que j’ai vécus directement. Mais face à tant d’approximations sur quelques pages, je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’il en est du reste du livre et quel crédit y apporter. Me refusant à croire que Maria del Carmen Tapia ait voulu tromper qui que ce soit, je dirai que ces impairs sont sans doute le fait d’une mémoire qui, tant d’années après les faits, joue des tours à l’auteur. Quoi qu’il en soit, en ce qui me concerne, je ne peux que constater sa capacité à s’attribuer un rôle qui n’a jamais été le sien quand elle prétend avoir pesé sur ma volonté de devenir catholique et membre de l’Opus Dei.

La première erreur que je tiens à corriger concerne deux dates importantes.

Le 29 juillet 1950, date où j’adressai ma demande d’admission à l’Opus Dei à celui qu’on appelait Président Général à l’époque.

Et le 22 août 1950, date de mon incorporation à l’Église catholique par mon baptême, sub conditione, puisqu’à quatre ans j’avais déjà reçu le baptême protestant.

Le fait que j’ai demandé mon admission à l’Opus Dei avant de devenir catholique peut sembler étonnant. Or, c’est un fait car j’ai toujours considéré la date de cette lettre, qui n’avait évidemment aucune valeur juridique, comme étant celle où j’avais pris ma décision.

Pour le reste de mon commentaire, je partirai d’extraits du livre (en caractère gras) que je commenterai au fur et à mesure.

Le souvenir le plus vif de mon apostolat est, sans aucun doute, celui de la conversion, à Cordoue, de Maria Casal, devenue par la suite la première numéraire suisse de l’Opus Dei. Alors que je m’entretenais avec l’abbé don Juan Antonio Garcia Lobato et lui parlais de mon prosélytisme, il me dit qu’il avait rencontré, à Séville, Maria Casal, jeune étudiante en Médecine, que son fiancé

Ce n’était pas mon fiancé, mais un bon ami que je fréquentais régulièrement.

…Diego Diaz Esteve, étudiant en Médecine lui aussi, l’avait quittée, pour devenir numéraire de l’Opus Dei. Naturellement, elle était furibonde.

C’est faux. N’étant pas amoureuse de lui, ne plus le revoir parce qu’il était devenu numéraire de l’Opus Dei, ne me dérangea pas plus que ça. Au contraire, j’en fus ravie parce qu’à l’époque j’aimais déjà beaucoup l’Opus Dei, tant et si bien, que je l’encourageai moi-même, toute protestante que j’étais, à se décider. Qui plus est, le 29 juillet 1950, jour où il me communiqua que c’était fait, je pris ma décision de faire partie de l’Opus Dei, comme je l’ai déjà évoqué.

C’était la raison pour laquelle cette jeune fille était venue le trouver.

C’est faux. Cela faisait déjà quelques mois que je m’entretenais avec l’abbé Juan Garcia Lobato puisque ma conversion me tarabustait et que j’avais besoin d’être aidée. Et, si mes souvenirs sont bons, je pense que je ne lui ai jamais parlé de Diego.

L’abbé Garcia Lobato me demanda d’entamer une correspondance avec elle. Je me souviens d’avoir beaucoup réfléchi au contenu de ma première lettre. Je décidai de le faire en toute sincérité, en lui exprimant ma compréhension et en comprenant sa souffrance. […] Puis nous sommes entrées dans le vif du sujet : sa conversion au catholicisme. Nous en avons parlé à fond. J’étais vraiment consciente d’être en train de forger en son âme l’intérêt pour le catholicisme et, pour l’Opus Dei, bien évidemment.

Il suffit de lire mon paragraphe précédent pour voir que tout ceci est faux. Carmen ne pouvait pas être consciente de forger en mon âme quelque chose qui s’était déjà passé. Je regrette. Je lui suis reconnaissante de m’avoir aidée dans ma formation. Toutefois, Carmen n’était pour rien ni dans ma conversion ni dans mon appartenance à l’Œuvre.

Dans son contexte extérieur, Maria devait affronter ses parents pour leur dire qu’elle voulait se convertir au catholicisme. Son père, ingénieur suisse, cadre dirigeant de la compagnie d’électricité de Gauzin, à Séville, refusa d’en entendre parler.

Encore une erreur de dates. J’ai tenu mon père au courant fin juillet. Je n’aurais pas franchi un pas si important sans le lui dire. Mon père, travaillait à Séville et non pas à Gaucin. Je lui en ai donc parlé à Séville et non à Gaucin (je redresse en passant l’orthographe de ce lieu, un C et non pas un Z) dans la province de Malaga et non de Séville. Puis je lui en ai reparlé à Gaucin, près du barrage qu’il avait lui-même construit, où nous passions l’été, lorsque don Juan Antonio fixa la date de mon baptême, à Ronda, petite ville de Malaga, le 22 août. Le nom du village et de la province où il se trouve ne sont pas des détails trop importants. Mais cela montre bien que l’auteure ne prend pas très au sérieux la précision géographique.

Sa mère, plus compréhensive, n’en fut pas emballée pour autant. Ses frères et sœurs ne voulurent même pas aborder le sujet.

Je ne garde pas le souvenir de la réaction de mes frères ni de celle de ma sœur qui l’ont sans doute appris bien plus tard, puisqu’à l’époque j’étais la seule à vivre chez mes parents avec ma petite sœur. Mes deux frères étaient en Suisse et ma sœur aînée travaillait à Madrid.

Arrivées à l’administration de « La Alcazaba », à l’heure du déjeuner, Maria fit la connaissance de Sabina et de Piedad. Comme Sabina était la directrice de ce centre, je suggérai à Maria de s’entretenir aussi avec elle. Revenue à Séville, elle m’écrivit pour me dire combien elle avait été heureuse de faire notre connaissance, elle voulait se convertir et se faire baptiser dans l’Église catholique.

D’après ce que j’ai dit ci-dessus, tout ceci est faux puisque cela faisait déjà trois semaines que j’étais catholique.

Après quelques mois de préparation préalable, elle décida de recevoir le baptême dans une petite chapelle de Gauzin, dans la province de Séville, en mai 1951, en la fête du Sacré-Cœur de Marie.

La seule chose vraie dans ce paragraphe c’est que ce fut bien en la fête du Cœur de Marie qui à l’époque n’était pas au mois de mai, mais le 22 août. De nos jours cette fête peut bouger, placée après celle du Cœur de Jésus. Cela ne se passa pas dans une petite chapelle à Gaucin mais à la paroisse Sainte-Marie-Majeure, la plus grande église de Ronda. À Gaucin, où nous séjournions l’été, il n’y avait ni église, ni chapelle. C’était dans la province de Malaga et non point dans celle de Séville.

Elle me demanda instamment d’assister à son baptême. Je ne souhaitais que ça, l’entourer durant les cérémonies préalables au baptême et durant son baptême mais mes supérieures ne m’y autorisèrent absolument pas. En effet « nous ne devions pas participer à ce type de cérémonies ». Je n’en ai jamais compris la raison, alors que Cordoue n’était qu’à deux heures de train de Séville.

La seule cérémonie préalable à mon baptême, ce fut ma confession. Je ne me souviens pas de l’y avoir invitée, mais je n’en écarte pas la possibilité. Ce dont je me souviens parfaitement c’est que Carmen m’expliqua que nous ne sommes pas dans l’Œuvre pour parader et que de ce fait et après m’avoir aidée par ses lettres, elle n’allait donc pas être là le jour du baptême. J’ai beaucoup apprécié son raisonnement et sa délicatesse. L’auteure qui parle de Séville pour mon baptême alors qu’elle avait parlé de Gauzin, se contredit elle-même. J’ignore quel temps on met pour aller de Cordoue à Ronda, sans doute plus de deux heures.

J’ai vraiment regretté de ne pas y assister. On m’autorisa cependant à lui envoyer mon crucifix, en cadeau pour son baptême.

Après son baptême, Maria Casal insista encore, elle tenait à être numéraire de l’Opus Dei. Ceci dit un événement imprévu nous laissa toutes pantoises à Cordoue. Les supérieures du Conseil Central qui siégeait encore en Espagne, nous communiquèrent que Maria Casal ne pouvait pas être de l’Opus Dei parce qu’elle avait été protestante. On nous rappelait que l’imprimé que les filles de Saint Raphaël devaient remplir à la résidence Zurbaran, comprenait cette question : « Antécédents religieux : depuis combien de générations êtes-vous catholique ? »

Cette situation ne m’a pas marquée spécialement : j’avais écris une lettre au Fondateur en lui demandant de m’accueillir et j’attendais sa réponse. Déjà catholique, l’idée d’un obstacle éventuel ne me traversait même pas l’esprit. C’est sans doute la prudence qui a poussé ces directrices centrales à y trouver un inconvénient. J’avoue que je n’ai jamais cherché à savoir, mais je pense que je devais être la première vocation issue d’une autre confession chrétienne et qu’il n’y avait aucune expérience de ce type, surtout en Espagne à l’époque. En effet, l’Opus Dei, à l’instar de son Fondateur, est très ouvert dans ce sens. Aussi, dans les foyers de l’Opus Dei, trouve-t-on des étudiants de toute confession religieuse, ou des sans-religion, entourés d’une majorité de catholiques, avec un oratoire catholique, et une direction catholique elle aussi. La question de cet imprimé d’inscription visait en fait à mieux prendre en charge des personnes sans membres catholiques dans leur famille pour leur apporter une formation. De fait, les fidèles de l’Opus Dei issus d’une autre confession chrétienne sont très nombreux, de nos jours. Pour le reste, je peux seulement dire que Carmen me passa un coup de fil en novembre 1950 pour me dire que tout était en règle et que je pouvais alors écrire à nouveau une lettre au Père pour lui renouveler ma demande. Formidable ! me suis-je dit, le Père m’a acceptée !

Quand nous en avons parlé au prêtre, lors de sa visite, il n’en revenait pas. Furieux, il nous dit d’insister auprès de nos supérieures car cela ne se passait pas comme ça dans la branche masculine. Pour finir, et après avoir énormément insisté, on nous confirma que Maria Casal pouvait écrire officiellement à Mgr Escriva pour lui demander son admission en tant que numéraire de l’Opus Dei. Depuis, et après ce premier cas dans l’histoire des femmes de l’Opus Dei, il est évident que quelqu’un avec des antécédents protestants peut bien devenir numéraire de l’Opus Dei.

Une fois de plus ici, c’est Carmen qui, entraînant Sabina et Piedad, aurait « obtenu » d’infléchir les directrices…Par ailleurs, j’ai du mal à m’imaginer un don Juan Antonio « furieux ». En effet, même s’il l’avait été, il ne le leur aurait pas montré. Il leur a sans doute conseillé d’insister. Ceci dit, dans l’Œuvre les choses ne se décident pas parce qu’on met les directrices « sous pression » en insistant lourdement. Les dossiers sont étudiés, sérieusement travaillés, et l’avis de l’autorité compétente est toujours demandé.

Depuis que Maria demanda son admission à l’Opus Dei, cela va sans dire, notre correspondance s’arrêta là et nous ne nous sommes jamais plus parlé en amies. Désormais, pour employer la terminologie de l’Opus Dei, nous étions devenues des sœurs, toute relation entre numéraires passait par la directrice de la maison et n’était pas directe.

Moi, j’ai trouvé cela tout ce qu’il y a de plus normal. C’est spontanément que depuis lors je m’adressai à Sabina pour tout ce qui me concernait personnellement, sans chercher à faire de « petite chapelle » avec Carmen. J’ai toujours compris que toute amitié particulière entre des fidèles de l’Œuvre était déplacée et injuste vis-à-vis des autres.

C’est là un exemple très clair du porte-à-faux de « l’amitié » des membres de l’Opus Dei avec les jeunes filles qui fréquentent ses centres : les supérieurs de l’Opus Dei évitent qu’il y en ait une. Et si elle venait à exister, ils la suppriment. À mon avis il y a deux raisons à cela : l’une est l’obsession sexuelle, évoquée par l’expression « amitiés particulières », et l’autre, le caractère sectaire.

Cette affirmation est tellement absurde qu’elle se passerait de commentaires. En effet, l’apostolat de l’Opus Dei passe à travers l’amitié avec les gens. J’ai un grand nombre d’amies et je continue à cultiver cette amitié y compris avec des personnes connues dans mon enfance, aussi bien Suisses, que Sévillanes, ou des personnes de toutes les nationalités que j’ai eu l’occasion de rencontrer dans mes déplacements et les endroits où j’ai vécu. Ces personnes, pour la plupart d’entre elles, ne présentent aucun signe d’avoir la vocation à l’Opus Dei…

Il s’agit donc, dans l’Opus Dei, d’éviter « l’esprit de clocher », comme je l’ai déjà dit, pour respecter le droit de tout le monde d’être pareillement aimé, même si, logiquement, certaines personnes nous sont naturellement plus sympathiques que d’autres.

Quelqu’un demanda un jour à saint Josémaria si rechercher l’amitié de quelqu’un qui n’était pas de l’Œuvre pour faire de l’apostolat avec lui, ne revenait pas à instrumentaliser l’amitié. Il répondit que c’était exactement l’inverse, car ce faisant, on élevait l’amitié à un niveau supérieur, dans le désir d’aider nos amis à s’approcher de Dieu.

Par ailleurs, je n’ai jamais constaté dans l’Œuvre la moindre obsession sexuelle mais bel et bien une volonté saine et sainte de bien vivre la pureté, vertu importante pour tout un chacun, qui n’a rien à voir avec le fait d’avoir plus ou moins d’amies.

Quant à la secte, Carmen sait très bien que parler d’une « secte catholique », bénie par les papes et dont le fondateur a été canonisé est une contraction dans les termes.

Maria Casal qui termina ses études, fut pendant quelques années un excellent docteur en médecine à l’université de Navarre, de l’Opus Dei, à Pampelune où elle s’investit à fond dans la création de l’école d’infirmières.

Il y a plusieurs années, grâce à mon ami Peter Backmann, prêtre suisse, qui m’accueillit à Zurich, j’appris que Maria Casal y demeurait, dans un centre de l’Opus Dei. Il me rapporta qu’elle avait la renommée d’être très dure et très intransigeante, y compris dans des sujets généraux concernant l’Église catholique. Je me suis décidé à lui téléphoner. Ce n’était pas le bon centre, elle habitait à l’extérieur de Zurich. Je l’ai donc contactée là-bas. Elle répondit si gentiment à mon appel, que je me suis demandée si elle savait que je ne faisais plus partie de l’Opus Dei depuis longtemps. Je le lui communiquais, elle le savait déjà. Comme je partais à Londres le lendemain et qu’elle ne se trouvait pas à Zurich, notre rencontre ne fut pas possible. Nous avons parlé de choses et d’autres. A un moment donné je lui ai demandé si elle était toujours médecin en Suisse. Elle me répondit qu’elle avait laissé tomber la médecine pour Dieu et pour l’Opus Dei, même si parfois elle prêtait assistance aux « nôtres » lorsqu’elles étaient malades ».

Je connaissais aussi le prêtre dont elle parle parce que c’était l’un des professeurs de religion qui, avec des parents d’élèves mal informés, se dressa contre l’Opus Dei parce que j’enseignais la doctrine traditionnelle de l’Église, notamment en ce qui concerne la chasteté conjugale. Je me demande bien pourquoi mes élèves m’aimaient tellement si j’étais si dure et si intransigeante (j’avais l’habitude d’organiser des camps en montagne avec une bonne trentaine d’entre eux). Nous nous entendions à merveille jusqu’au jour où cette opposition parvint à démolir tout ce travail.

Sachant combien elle aimait la médecine, je lui demandai le plus gentiment possible : « mais n’est-ce donc pas dans leur métier que les personnes de l’Opus Dei se sanctifient ? » Elle me répondit : Le Père sait mieux ce qui me convient.

Pour ce qui est de mon abandon de la médecine, je ne me souviens plus si j’ai expliqué à Carmen que je ne tenais pas à exercer comme gynécologue en Suisse puisque j’aurais été obligée d’adopter des pratiques allant contre ma conscience. Quant au fondateur, il aurait été très heureux si j’avais été en mesure de continuer. En effet, c’est lui qui m’avait toujours encouragée à poursuivre mes études alors que moi je n’aurais eu aucun inconvénient à m’investir n’importe où ailleurs, si cela avait été nécessaire. Ceci dit, l’enseignement de la religion dans des lycées en ville m’apportait une joie et une satisfaction que je n’avais jamais ressenties en étant médecin, même si j’adorais mon métier.

Certes, j’étais et je suis toujours prête à conseiller médicalement qui veut bien me consulter, ceci étant, j’avoue que quitter « la médecine pour Dieu et pour l’Opus Dei » et « les nôtres » ne sont pas des expressions qui me ressemblent.

Je n’ai pas pu alors m’empêcher d’être transparente et de lui dire très affectueusement : Maria, te rends tu compte que l’Opus Dei se sert de toi en Suisse pour faire du prosélytisme, parce que tu es la première numéraire suisse et que pour l’Œuvre, recruter des gens est plus important que ta vocation professionnelle bien qu’ils assurent le contraire ?

Je ne me rappelle pas qu’elle m’ait dit cela. Toutefois, ce qui est vrai c’est que le Père rêvait d’avoir de nombreuses filles médecins et que dans l’Œuvre on ne laisse jamais tomber son métier sans qu’il y ait une raison solide qui le justifie. N’importe qui dans l’Œuvre le comprend, en est tout à fait d’accord et très heureux de pouvoir offrir quelque chose au service du Seigneur.

Par ailleurs, il est tout à fait logique que tous dans l’Œuvre nous souhaitions avoir des vocations. Une famille qui ne grandit pas est appelée à s’éteindre, disait souvent notre fondateur.

Je m’attendais à sa réponse : nous ne pourrions probablement jamais être d’accord sur ce point-là puisqu’elle était convaincue qu’elle avait à se plier aux suggestions et aux indications de l’Opus Dei en passant par-dessus tout le monde et par-dessus tout.

Je suis absolument certaine de ne pas avoir dit cela. Toutefois je lui ai sans doute rappelé l’importance de l’obéissance dans n’importe quelle œuvre apostolique. En tout état de cause, ce n’est pas sur une indication des directeurs que j’ai renoncé la médecine, mais pour les raisons que j’ai déjà évoquées.

Notre conversation s’est achevée là, j’ai perçu d’un côté son affection pour moi et de l’autre, la réponse stéréotypée que j’aurai faite moi-même et que, de fait, je fis à Cordoue, longtemps auparavant : l’Œuvre par-dessus tout et par-dessus tous.

En effet, pour moi, Dieu et sa Volonté passent avant tout. Ceci dit, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’elle ait senti mon affection puisque j’en avais et que j’en ai toujours pour elle. Mais c’est une affection « blessée » et qui me fait souffrir, comme chaque fois que je retrouve une personne qui n’a pas su être fidèle à sa vocation (et dans son cas qui a fait tellement de mal) et que j’aimais auparavant comme une sœur.

Mais ce que Carmen ne dit pas ici c’est qu’elle m’avait contactée pour me dire que nous refusions de lui délivrer un certificat concernant les études qu’elle avait faites dans l’Opus Dei et dont elle avait besoin. Elle espérait que j’intercède en sa faveur. Je lui dis qu’il était logique qu’il en fut ainsi puisque cette formation ascétique et doctrinale, au service de l’Église et de l’Œuvre, n’a aucun caractère officiel.

Le lendemain, dans mon vol vers Londres, je pensai sérieusement au caractère sectaire de l’Œuvre et à la nécessité profonde de dévoiler cette facette, le revers de la médaille, aux yeux de la Sainte Mère Église.

qui, je le répète, connaît parfaitement l’Opus Dei, est très reconnaissante pour tout son travail, et a canonisé son fondateur

Zurich, 13 octobre 2009.

M. Casal

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