Les recettes faciles de la calomnie

Journaliste, Pilar Urbano a plongé au cœur de l’Opus Dei pour en dévoiler les multiples facettes. Dans un livre intitulé "L'homme de Villa Tevere", elle consacre un chapitre à analyser la fabrication de certaines calomnies montées de toutes pièces à l’encontre de Saint Josémaria et de son Œuvre. Nous vous en livrons ici quelques exemples.

"Les fabricants de mensonges, histoires et calomnies en tout genre ne sont pas à court d’idées pour mettre au point le système dit des « données truquées ». C’est par exemple le cas dans l’affaire des prétendus « micros cachés » de Villa Tevere que certains ont divulguée sachant pertinemment qu’il n’y avait que du vent. Ceux et celles qui ont dénoncé leur existence n’étaient pas sans connaître, en effet, la vraie signification de ces haut-parleurs -et non des micros- qui n’étaient pas cachés mais au contraire à la vue de tous, grands comme un carreau de 20cm x 25cm.

Nous les invitons par conséquent à se remémorer leur emplacement, à savoir les grandes salles de séjour de la Montagnola, de Villa Sacchetti et du Fumo tout comme la lingerie et plusieurs oratoires. Rien à voir avec des petites pièces confinées ou des bureaux.

Ils peuvent également se rappeler que leur seul but était de permettre éventuellement au Père de se faire entendre d’un groupe nombreux de ses fils ou de ses filles. Par exemple, au cours d’une réunion familiale ou de la prédication d’une méditation. Finalement, ces haut-parleurs ne serviront qu’à deux ou trois reprises et toujours au motif d’un événement festif et familial : à Pâques, à Noël, pour participer ensemble à la joie des cadeaux. Ou encore, à l’occasion, pour diffuser quelques chansons…

L’Oeuvre de Dieu ne fonctionne que sur la base de la confiance

Telle est la vérité au sujet du prétendu « espionnage » de l’Opus Dei. L’Oeuvre de Dieu, est-il besoin de le préciser, ne fonctionne que sur la base de la confiance. Condition chère à Escriva de Balaguer, dont il dira à plusieurs reprises : «Je fais davantage confiance à la parole d’un de mes enfants qu’à celle de cent notaires rassemblés et unanimes.»(…)

Outre le système de « trucage des données » il existe un autre jeu trompeur à la réussite assurée. Il s’agit de monter de toutes pièces une phrase ou un événement sur un scénario qui, lui, est réel. Car la description minutieuse d’un cadre, de son mobilier, des protagonistes même, apporte crédibilité au fait fictif rapporté. Ce procédé a souvent été utilisé contre Escriva de la part de personnes qui ont quitté l’Opus Dei après être demeurées dans son giron un certain temps. Ainsi, par exemple, partant d’un décor authentique tel que la salle de séjour de la Villa Vecchia, on y situe Escriva en train de gronder de façon désagréable quelques jeunes de l’Œuvre parce qu’elles ont soulevé un nuage de poussière en faisant du rangement. Le point de départ est un fait certain : le grand nettoyage effectué à cet endroit de la maison, une fois les travaux terminés. Certain aussi le fait que, faute de ne pas avoir pris de précaution, beaucoup de poussière de plâtre s'est déposée un peu partout. Qui plus est, la poussière commençait à imprégner la voûte de la pièce fraîchement peinte à la détrempe. La remarque du Père qui vint à passer par là fut énergique. Certes. Jusque là, les faits considérés sont exacts. Mais à quoi bon interrompre le récit à ce moment précis ?

Ce soir là, pour finir, une bouteille de muscat et quelques verres vinrent agrémenter la réunion familiale accompagnés d’un mot écrit de la main du Père : « Pour mes filles qui ont avalé tant de poussière»

(...) Ce soir là, pour finir, une bouteille de muscat et quelques verres vinrent agrémenter la réunion familiale accompagnés d’un mot écrit de la main du Père : « Pour mes filles qui ont avalé tant de poussière».[1]
Tous ceux qui ont bien connu Josémaria Escriva s’accordent pour souligner la force de son caractère, son tempérament vif, l’énergie de sa correction tout droit jaillie de sa force d’âme.

Néanmoins, ils sont unanimes à évoquer la qualité de sa cordialité, de son affabilité, de sa sympathie ainsi que de sa délicate tendresse. Il tenait à éviter qu’à la suite d’une réprimande, quelqu’un puisse se sentir blessé, mal à l’aise ou tout simplement soucieux. S’il lui arrivait de faire une remarque énergique, ce genre d’épisode se soldait naturellement, par un paquet de bonbons offert à ses filles. Quant à ses fils, il les embrassait sur les deux joues.

Souvent il suffisait même de quelque chose d’aussi simple qu’un regard ou un sourire pour dissiper le moindre nuage chez l’intéressé.

Un autre stratagème consiste à ajouter des mots imaginaires à ceux qui ont vraiment été prononcés. Le récit devient alors atrocement mensonger.

Prenons un exemple : Escriva avait donné des instructions très rigoureuses, oralement et par écrit, pour éviter que les prêtres ne s’attardent plus que le strict nécessaire dans les Centres des femmes. Il avait émis à cet égard l’hypothèse suivante (aussi peu souhaitable dans un sens que dans l’autre) : « Je préférerais qu’une de mes filles meure sans avoir reçu les derniers sacrements plutôt que de trouver l’un de mes fils prêtres sans raison dans un Centre des femmes.»[2]

Je prie tous les jours pour eux autant que pour mes filles et mes fils. Et à force de prier pour eux ils me sont devenus aussi chers que mes enfants

De quelle manière cette phrase a-t-elle été présentée à l’opinion publique ? Sa divulgation eut lieu comme suit : « Je préférerais qu’une de mes filles meure sans confession plutôt qu’elle se confesse à un jésuite. » La manipulation et l’ajout mensonger sautent aux yeux, certes. Mais, à condition de pouvoir faire, sur le champ, la confrontation avec le texte original, le vrai. C’est l’avantage dont se sert le faussaire car il sait la vérité enchaînée, sans défense et pour longtemps. Car la vérité, comme l’innocence ne cherchent pas d’alibis pour se protéger. C’est là leur grandeur et leur pauvreté.(…)

Cinq verbes pourraient résumer la façon dont il vivait et apprenait à ses enfants à vivre : «prier, se taire, comprendre, excuser et sourire». Loin d’être un narcotique, ce conseil fait appel à d’importantes réserves de force d’âme. Mercedes Morado et Begoña Alvarez sont parmi les nombreuses personnes qui ont vécu pendant des années dans l’entourage d’Escriva. Elles témoignent de son esprit de pardon, d’oubli et de compréhension envers ceux qui l’avaient calomnié. Cet état d’esprit allaitin crescendo, grandissant chez-lui au point qu’il lui arrivait de manifester en toute simplicité : «Je n’en éprouve aucun ressentiment. Je prie tous les jours pour eux autant que pour mes filles et mes fils. Et à force de prier pour eux ils me sont devenus aussi chers que mes enfants ».[3]

(P.Urbano, El hombre de Villa Tevere, Plaza & Janes, Barcelona 1995, extraits du chapitre VII.Traduction de l’auteur.)


[1] Témoignage de Helena Serrano (AGP, RHF T-04641).

[2] Cf. AGP, RHF 20776. Réunion à Altoclaro (Vénézuéla), le 28 août 1974.

[3] Témoignage de Mercedes Morado Garcia (AGP, RHF T-07902) et Begoña Alvarez Iraizoz (AGP, RHF T-04861).