Bienheureux Alvaro del Portillo

Le 12 mai dernier, nous avons eu la joie de célébrer la fête du bienheureux Alvaro del Portillo. L’occasion de redécouvrir, en vidéo, quelques-unes des nombreuses œuvres solidaires et éducatives impulsées par le bienheureux, et de relire la lettre du Pape François adressée à Mgr Javier Echeverria, prélat de l’Opus Dei, à l’occasion de la béatification de son prédécesseur.

Lettre du Pape François à l’occasion de la béatification d’Alvaro del Portillo

Cher frère,

La béatification du serviteur de Dieu Alvaro del Portillo, fidèle collaborateur et premier successeur de saint Josémaria Escriva à la tête de l'Opus Dei, représente un moment de joie particulière pour tous les fidèles de cette Prélature, mais aussi pour toi, qui as été tant d'années durant le témoin de son amour de Dieu et des hommes, de sa fidélité à l'Église et à sa vocation. Je désire moi aussi partager votre joie et rendre grâce à Dieu qui embellit le visage de l'Église avec la sainteté de ses enfants.

Sa béatification aura lieu à Madrid, la ville qui l'a vu naître et où il a passé son enfance et sa jeunesse, dans une existence forgée dans la simplicité de la vie familiale, dans l'amitié et le service des autres, comme lorsqu'il se rendait dans les quartiers pauvres pour contribuer à la formation humaine et chrétienne d'un si grand nombre de nécessiteux. C'est à Madrid surtout qu'eut lieu l'événement qui scella définitivement l'axe de sa vie : la rencontre avec saint Josémaria Escriva, qui lui apprit à s'éprendre chaque jour davantage du Christ. Oui, tomber amoureux du Christ. Tel est le chemin de sainteté que doit suivre tout chrétien : se laisser aimer par le Seigneur, ouvrir le cœur à son amour et permettre qu'il devienne le guide de notre vie.

J'aime rappeler l'oraison jaculatoire que le serviteur de Dieu répétait souvent, notamment lors des anniversaires ou des dates marquantes de sa vie : « pardon, merci, aide-moi davantage!». Ces mots, qui nous rapprochent de la réalité de sa vie intérieure et de sa fréquentation du Seigneur, peuvent aider chacun d'entre nous à donner une nouvelle impulsion à notre vie chrétienne.

En premier lieu, merci. C'est la réaction immédiate et spontanée de l'âme face à la bonté de Dieu. Il ne peut en être autrement : c'est toujours Lui qui prend les devants. Quelle que soit l'intensité de notre effort, son amour est toujours le premier, qui nous touche et nous émeut : c'est lui qui fait le premier pas. Alvaro del Portillo était conscient des nombreux dons que Dieu lui avait accordés, et il était reconnaissant pour ces manifestions d'amour paternel. Mais il n'en restait pas là : cette reconnaissance éveillait en son cœur le désir de suivre le Seigneur avec plus de générosité et de servir les autres avec humilité. Son amour pour l'Église, épouse du Christ, était remarquable : il l'a servie avec un cœur dépouillé d'intérêts mondains, loin de toute discorde, accueillant envers tous et recherchant toujours ce qu'il y a de positif chez les autres, ce qui unit, ce qui construit. Jamais une plainte ou une critique, pas même dans les moments les plus difficiles, mais au contraire, selon l'exemple de saint Josémaria, il répondait toujours par la prière, le pardon, la compréhension et la charité sincère.

Pardon. Il avouait souvent qu'il se voyait devant Dieu les mains vides, incapable de répondre à sa générosité. Mais l'aveu de la pauvreté humaine n'est pas le fruit du désespoir ; c'est au contraire le fruit de l'abandon confiant en un Dieu qui est Père, l'ouverture à sa miséricorde, à son amour capable de régénérer notre vie. Son amour n'humilie pas, il ne plonge pas dans l'abîme de la faute, mais il nous embrasse, nous relève de notre prostration et nous fait cheminer avec plus de détermination et de joie. Le serviteur de Dieu Alvaro savait combien nous avons besoin de la miséricorde divine et il mit toute son énergie à approcher du sacrement de la confession, le sacrement de la joie, les personnes qu'il fréquentait. Qu'il est important d'éprouver la tendresse de l'amour de Dieu et de découvrir qu'il y a encore du temps pour aimer!

Aide-moi plus. Le Seigneur ne nous abandonne jamais ! Il est toujours à nos côtés, il chemine avec nous et il attend chaque jour un amour renouvelé. Sa grâce ne nous manquera pas, et avec son aide nous pourrons faire connaître son nom au monde entier. Le cœur du nouveau bienheureux ne battait que du désir de porter la Bonne Nouvelle à tous. Dans les nombreux pays où il est allé, il a constamment encouragé des projets d'évangélisation, sans s'arrêter aux difficultés, mû par son amour de Dieu et des hommes. Qui est très uni à Dieu, sait être proche des hommes. La première condition pour annoncer le Christ aux hommes est de les aimer, parce que le Christ les aime. Il faut sortir de nos égoïsmes et de notre commodité et aller à la rencontre de nos frères. C'est là que le Seigneur nous attend. Nous ne pouvons pas nous contenter de garder la foi pour nous : elle est un don que nous avons reçu pour le donner et le partager avec les autres.

Merci, pardon, aide-moi ! Ces quelques mots expriment la tension d'une vie centrée sur Dieu, de quelqu'un qui a été touché par l'Amour le plus grand et qui vit totalement de cet amour. Quelqu'un qui, tout en ressentant l'expérience de sa faiblesse et de ses limites humaines, s'abandonne à la miséricorde du Seigneur et veut que tous les hommes, ses frères, en fassent également l'expérience.

Cher frère, le bienheureux Alvaro del Portillo nous envoie un message très clair. Il nous dit d'avoir confiance dans le Seigneur, parce que le Seigneur est notre frère, notre ami qui jamais ne nous déçoit et qui est toujours à nos côtés. Il nous encourage à ne pas avoir peur d'aller à contre-courant ou de souffrir pour annoncer l'Évangile. Il nous apprend également que nous pouvons trouver un chemin sûr de sainteté dans la simplicité et la quotidienneté de notre vie.

À tous les fidèles de la Prélature, prêtres et laïcs, ainsi qu'à tous ceux qui participent à ses activités, je demande, s'il vous plaît, de prier pour moi, en même temps que je vous donne ma Bénédiction Apostolique.

Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge vous garde.

Fraternellement,

Franciscus